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Brel et Brassens vous raconte la victoire de Louison Bobet lors du Tour de France 1953.

Il suffit de passer le pont du Rhin, Strasbourg, et la cathédrale vous accueille. Place de la Contrescarpe, vous ne rencontrerez pas, ni la femme d’Hector, ni tonton Nestor mais entre la rue Didot et la rue de Vanves, les passantes, les bigotes curieuses des départs du Tour de France 1953. Je revoyais toute mon enfance, petit bonhomme, avec mon grand père, ma grand-mère, mon oncle Archibald et ma tante Fernande, ainsi que les deux oncles, à la terrasse du bistrot, à jeun, sur la place, dans les jardins du casino Nous n’étions pas le 22 septembre, mais le 03 juillet 1953 au départ du Tour de France. Il ne partait pas du plat pays, d’Amsterdam, comme deux ans au préalable. Jef, Jean-François Bernard, et Jacky Durand n’étaient pas encore nés. Un jour comme celui là, un jour de foire, il peut pleuvoir, y avoir de l’orage, avec ou sans le parapluie, c’est toujours une valse à mille temps qui vous emporte dans une sorte de marche nuptiale.


Le grand Jacques (Godet) n’avait pas permis la participation de Fausto Coppi, sale petit bonhomme. En raison de la mauvaise réputation de Don juan dont il jouissait, les croquants avaient décidé de l’écarter. Corne d’aurochs ! Les trompettes de la renommée ou bien le Bon Dieu lui-même, désignaient « le Pieux Gino », l’homme dans la cité comme étant le Grand Pan ;. « Puisqu’ils disent que je suis un voyou je me suis fait tout petit » avait déclaré Fausto Pourtant, ce ne serait pas une non demande en mariage comme beaucoup le pensaient. Si je le dois, demain l’on se marie avec la Dame blanche, dame patronnesse avait-il juré, même s’il n’y a pas d’amour heureux. Il avait invoqué Saint-Pierre, dans la prière, une prière païenne, demander pardon(s), s’il le fallait, il tremperait les pieds dans le ruisseau. Pourquoi toutes ces choses, le temps ne fait rien à l’affaire. Le mauvais sujet repenti ne fut pas de l’aventure .L’Italie était divisée en deux camps qui opposaient, la colombe à celui qui a mal tourné, tous étaient capables de mourir pour des idées Fausto restait à quai, il n’avait pas la haine, seulement un peu de peine.



Hugo Koblet, le pédaleur de charme faisait figure de gorille au départ de la compétition, il était le grand favori, le lion. Toutes les marquises étaient à ses pieds. Il ne regardait ni les filles, et les chiens, ni Marinette ou la pauvre Margot. Sauf le respect que je vous dois, ce jour là : C’est alors le roi.


Mon père disait qu’il n’y avait pas de concurrence déloyale dans l’équipe de France, mais Louison Bobet, le grand chêne, n’en n’était pas le patron incontesté. S’il n’avait pas connu un excellent début de saison, il n’était pas tout a fait moribond, ils allaient voir. . Une féroce opposition régnait entre lui et Géminiani, Laurédi Dotto et Teisseire, les quatre bacheliers, les cœurs tendres….


Le formidable breton Jean Robic dit Biquet, malgré un excellent bulletin de santé avait vu la porte de l’équipe nationale se fermer. Il avait intégré celle de l’Ouest avec François Mahé, Jean Malléjac, et Emile Guérinel formant le groupe des quat’zarts. Un terrible combat allait se dérouler entre ces deux formations, le National opposé au Régional. La tête de cuir avait rameuté les patriotes, sus à ceux qui ne pensent pas comme nous, vivent les copains d’abord. Ils allaient déclencher la tempête dans le bénitier, leur jouer un tango funèbre, leur donner la fessée à ces moutons de panurge. La statue de Strasbourg, le juge de Vesoul et du Manneken-pisde Bruxelles, ainsi que tous les paumés du petit matin en avaient froid dans le dos.

L’heureux, Hassenforder, le fantasque Alsacien s’emparait de la toison d’or lors de la quatrième étape. Le fou du roi ne la gardera pas lors des traversées de Montélimar et Carcassonne. A Pau au pied des montagnes Pyrénéennes quand la ville s’endormait, son large sourire laissait place aux larmes de désespoir, c’est comme ça. Ce moment de bonheur restera dans sa mémoire, on n’oublie rien.

Les bergers ne purent voir vaincre Koblet à Cauteret. L’infortuné voyait ses espérances réduites à néant dans l’étape suivante, la dixième, victime d’une chute dans le col du Soulor. Fort heureusement, il subsistait encore le lendemain des Colombines entre Cauterêt et Luchon sur le boulevard du temps qui passe dans les vallées pour admirer les forçats de la route. Carlo Franchi, un équipier de Koblet, qui n’aimait pas voir un ami pleurer devait se résoudre à l’évidence, Robic portait désormais le tricot amarillo.

Il nous faut regarder l’avenir disait Biquet paré de jaune, se battre comme à la guerre de 14-18. Il jurait comme les philistins, un vrai pornographe, la ronde des jurons. Le vent le fit chuter dans le col de Fauredon alors qu’il descendait comme un trompe la mort et le contraignit à l’abandon. Pour lui c’était le dernier repas avec ses camarades, il n’était plus que le fantôme de lui-même, l’ange déchu. Regarde bien petit, regarde bien lui disait le directeur sportif, en lui montrant le maillot jaune sur les épaules de son coéquipier Malléjac on le portera jusqu’à Paname.

Malheureusement pour Malléjac et l’équipe del’Ouest, le modeste Louison Bobet chanta une chanson sans parole, il voulait vivre debout, il entonna alors la ballade des gens qui sont nés quelque part. Ces gens là, Géminiani, Lauredi Dotto Teisseire, les désespérés, sur la route des quatre chansons signèrent aussitôt un pacte dans lequel il n’y avait rien à jeter. Les oiseaux de passage, sans amour, tels l’homme de la Mancha trouveront dès lors dans la quête, leur quête la solution d’où la lumière jaillira. Au terme de la 17 ème étape, Louison s’emparait du maillot. Quatre vingt quinze pour cent du travail était fait. Si le bon dieu l’a voulu, dit Bobet à sa toison alors ne me quitte pas. J’arrive, j’arrive, la, la la , clamait-il, seul en regardant vers Paris. Il la gardera jusqu’à la capitale. Je ne sais s’il l’offrit à la Germaine Tourangelle ou à Mireille dite « Petit verglas. », seul Dieu s’il existe le sait.


Le 26 juillet, place du bois de mon cœur, tous les bourgeois s’étaient donné rendez-vous à l’arrivée Ils dansèrent la bourrée du célibataire au son de l’accordéon de la vie. Madeleine et toutes les biches étaient là. Je ne me souviens pas si le père noël et la petite fille avaient fait le déplacement. Embrasse les tous dit un enfant, le petit joueur de flûteau à la Venus callipyge lorsque le peloton des rescapés apparut.


Pour marquer le cinquantenaire du Tour de France Henry Desgrange en personne félicita les coureurs. L’ancêtre débita une litanie de compliments à ses jeunes émules rescapés de ce périple monstrueux. Rouer terminait lanterne rouge, lâché dans les blés et les lilas, avec l’air de la bêtise. La moyenne du Tour avait explosé, 34,593 km/h. Le vieux Léon en avait attrapé la parlotte. La bière et le vin coulèrent à flot, et tous n’avaient qu’un mot à la bouche : Au suivant ! Ce serait pour juillet 1954, mais ça, c’est une autre histoire……….de faussaire.




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